Les Barbaresques sur notre côte
PIRATES BARBARESQUES
Pendant longtemps nos côtes ont vécu dans la crainte des pirates barbaresques.
Cela rendait la vie en bord de mer particulièrement dangereuse comme en témoigne
M. Michel FERRER dans ses ouvrages consacrés à l’histoire de Banyuls sur mer depuis
l’antiquité jusqu’à la fin du XIX ème siècle.
Ainsi nous trouvons dans le 1er tome « Terra d’els Avis » :
La profession de pêcheur n’était pas de tout repos. Les navires maures
venaient tout près des côtes, prenaient des otages en mer ou sur le littoral et ne
les libéraient qu’après paiement d’une rançon.
Ceci explique qu’en bordure de mer, en dehors des rares points fortifiés, il n’y
avait pas d’habitat. Seules quelques botigas (baraques) de pêcheur existaient.
Après la bataille de Lepante (5/10/1571), nos côtes deviendront plus sûres et les
pêcheurs auront un peu plus de sécurité.
Hormis à Collioure et à Cadaquès, il n’y avait donc pas d’habitations à voramar (en
bord de mer).Les quelques pêcheurs ayant des baraques ne résidaient au bord des
calas y badias (anses et baies) qu’en période de pêche. Ils étaient tous affiliés sur
nos côtes à la confrérie St Pierre de Collioure. (p.192)
Plus loin concernant l’impact de la lutte contre cette piraterie sur l’évolution démographique
et économique de Banyuls sur Mer :
En ce début de XVIIIème siècle, voici qu’apparaissent dans notre village
de grands changements dans le domaine maritime. Ils sont dus à toute une série
de mesures visant à la sécurité de notre littoral.
Au mois d’avril 1691, création d’une amirauté de marine à Collioure avec à
sa tête un lieutenant, un huissier visiteur et deux sergents.
Une ordonnance royale du 24 décembre 1694 prescrit aux habitants de
Banyuls d’apporter des vivres aux deux galères royales en surveillance sur nos
côtes.
En 1719, création d’un corps de gardes-côtes, de Cerbère à Argelès, avec
construction de baraques sur les points élevés du littoral. Ces troupes resteront
jusqu’au 23 septembre 1762.
Ces mesures de sécurité rassurent la population face aux dangers venant de la
mer et auront un impact dans bien des domaines.
Notre village, en cette deuxième moitié du XVIIIème siècle, va se trouver en
état de gestation et passer progressivement du stade céréalo-pastoral à celui
de maritime et viticole. La démographie s’amplifiant, la population va amorcer la
descente du Vall d’Amunt vers le Vall d’Avall et en finalité le Voramar, ceci grâce
à une plus grande sécurité côtière. (p.280)
Malgré ce, les barbaresques continuent à sévir.
Dans le second tome « Terre des Ancêtres » M. Ferrer relate :
Joseph Germa, patron par devant dieu, fait serment :
« Sur les saints évangiles, je jure que me trouvant au Cap de Biarra, j’ai vu un
bâtiment gréé comme le sont les corsaires maures attaquer deux barques de
pêche appartenant à notre confrérie dite de Sant Pere els Pescadors. L’une se
trouvait en baie de Paulilles et avait à son bord Jean Agullo patron 57 ans et ses
fils Thomas 30 ans, Charles 22ans et Louis 18 ans. L’autre pêchait au large de
l’anse de Santa Catarina montée par Sébastia Hostalrich, Jean Bernardi, Joseph
Ficat et Antoine Alouges. Ces deux barques de pêche ont vu leurs équipages
emmenés vers les 5 heures du matin. (p.108)
Cette attaque s’est déroulée le 15/07/1735.
Vingt ans plus tard
Rapport de M. Girbal du 20
juin 1755 : « J’arrive de Banyuls ayant été
informé qu’une pinque a été attaquée et canonnée par un corsaire maure à
hauteur du Cap Cerbère. Celle-ci fuyant l’ennemi s’est empalée sur un écueil à
Peyrefite. Délaissant sa cargaison de riz et orge, le patron Botet et son équipage
de 12 hommes ont mis pied à terre. Les habitants de Banyuls, alertés par le
tocsin et aidés par le poste de Par Im Baus, ont empêché les corsaires de monter
à bord du navire marchand. Furieux d’avoir étés pris à partie, les pirates se sont
saisis d’une barque palangrière qui pêchait dans ces eaux avec à son bord Antoine
Francés, Jean Bernadi, les frères Joseph et François Caseilles. Ces derniers
seront pris comme otages. Leur bateau, vide de tout occupant, est retrouvé le
lendemain à Leucate avec la pêche à bord. » Deux ans plus tard, en septembre
1757, grâce à l’intervention de M. Le Maire, consul à Alger, ces matelots seront
libérés et rapatriés par un bateau se dirigeant vers Marseille. Ces marins,
habillés en catalans, ne seront pas crus quand ils affirmeront être sujets du
royaume français ! Rien ne les distinguait vestimentairement de leurs voisins
d’outre-Albères. (p.116)
Ou ces otages avaient emmené de la rechange, ou les vêtements de l’époque étaient résistants
à l’usure.
Les photos jointes on été extraites du diaporama de Claude Jacquemay "Barbaresques et esclavage des blancs"
http://www.mekerra.fr