Le TRAITE des PYRENEES – La FRONTIÈRE

En 1648 les traités de Wesphalie concluent la guerre de 30 ans. Toutefois la guerre franco-espagnole débutée en 1635 n’est pas incluse dans le traité. En 1658 l’Espagne est vaincue à la bataille des Dunes . Depuis 1656 des négociations de paix sont engagées et menées côté français par Huges de Lionne et côté espagnol par don Luis de Haro . Ces négociations se concluent le 7 novembre 1659 sur l’ile des Faisans par Mazarin pour Louis XIV et par Luis de Haro pour Philippe IV d’Espagne par le Traité des Pyrénées établissant ainsi un réglement du conflit. Les articles 42 à 60 précisent que la France annexe le Comté du Roussillon , les pays du Vallespir , de Conflent et de Capcir . L’ article 42 stipule que « les monts Pyrénées qui avaient anciennement divisés les Gaules des Espagnes seront aussi dorénavant la division des deux mêmes royaumes » La formulation reste très vague et ambivalente .

Le traité des Pyrénées et comment Banyuls fut in extremis rattaché à la couronne de France.

L’archevêque de Toulouse, Pierre de Marca, qui était Visiteur Général de Catalogne, avait été choisi par Mazarin pour négocier avec les espagnols les termes du Traité des Pyrénées. Mieux préparé que ces derniers il arrive à obtenir au bénéfice de la France un maximum de territoires. Les discussions entre les deux parties donnèrent lieu à de rudes controverses, tant et si bien que lorsque le traité est signé en 1659 rien n’est encore bien défini en ce qui concerne la frontière.

« Ce n’est que le 31 mai 1660 que Mazarin et don Luis de Haro, après d’ultimes et âpres marchandages, signent la nouvelle et définitive rédaction de l’article 42 du traité des Pyrénées, par lequel l’Espagne cède à la France les comtés de Roussillon et Vallespir, y compris Banyuls de la Marenda , celui de Conflent et une partie de celui de Cerdagne, c’est-à-dire la vallée du Querol et des terres jouxtant le Capcir et le Conflent, au total 33 villages. Il faudrait, sur le terrain, établir la liste exacte de ces villages et fixer leurs limites territoriales. Ce qui impliquait naturellement, la convocation d’une nouvelle conférence. En attendant on pouvait célébrer le mariage du roi et de l’infante, le 9 juin 1660, à Saint-Jean-de-Luz[1]. »"Voilà comment, constituant la dot de l’infante d’Espagne, Marie Thérèse d’Autriche, Banyuls devînt Français" .

Banyuls dépend du comté d’Empurias et non de celui du Roussillon-Vallespir mais : « l’affermage de ses terres est sous la gouverne du rector, du diocèse d’Elne. Tout ce qui est d’obédience spirituelle est roussillonnais-vallespirien, relevant du bisbat d’Elne. La double appartenance jouera lors du traité des Pyrénées car il n’était pas évident que Banyuls devint français. Pierre de Marca abattra une de ses cartes en revendiquant l’appartenance de notre village à la province du Roussillon-Vallespir. Du côté espagnol, on objectera que le seigneur du lieu est le duc de Cardona, comte d’Ampurias. Ce litige fera que notre sort ne sera résolu que le 24 avril 1660, soit 6 mois après la signature du traité. »[2]

La Convention de Llivia du 12 novembre 1660 précisera cet article 42 .

Il faudra toutefois attendre le Traité de Bayonne du 26 mai 1866 signé entre Isabelle II Reine d’Espagne et Napoléon III Empereur des Français pour fixer définitivement le tracé de la frontière . L’article 15 précise » De Las Frontetas la frontière continue par la même crête que les Français appellent des Albères , passant par la tour de Carroig ou Querroig et finissant à la Covaforradada sur le littoral de la Méditerranée non loin du cap de Cervera qui reste en France «

Si le tracé de la frontière fut défini par l'Article 15 du 26/05/1866; le bornage physique ne fut entériné que par l'Acte final du 11/07/1868 promulgué par le décret impérial du 25/01/1869

On ne peut conclure ce sujet, sans préciser que la nouvelle délimitation de la frontière entre l'Espagne et la France a profondément traumatisé les coeurs et les esprits d'un peuple Catalan scindé en deux.

Voir aussi: La délimitation de la frontière 1866-1869

Marcel Coste[1] Extrait de LE PAYS CATALAN de J. Sagnes, J. Abellanet, E. Frenay, A. Marcey-Juncosa et P. Ponsich

[2] Extrait de TERRE DES ANCETRES Banyuls sur Mer 1659-1793 de Michel Ferrer